Où les conséquences du pillage et de la falsification de l'histoire de France.

«... Afin de ne pas se résoudre aux oukases décoloniaux, commençons simplement par ne pas se taire et se recroqueviller sur nous même en tentant de parer les coups. Il ne sert à rien de se morfondre sur les ratés de l'intégration ou de l'assimilation si aucune tentative sérieuse de rebâtir un imaginaire commun n'est urgemment débattue.
La clef de nos problèmes se trouve en partie dans l'histoire de France et ses racines intellectuelles, spirituelles et morales. L'histoire est un trésor de guerre à partager. Un trésor composé de blessures, de larmes, de figures légendaires, de chevalerie imaginaire, de velléités poétiques et de symphonies inachevées. On ne peut pas contraindre quelqu'un à aimer un pays, mais on peut apprendre aux plus jeunes venus d'ailleurs comment sculpter un patriotisme dans l'argile de leurs rêves. Devenir Français en son âme et conscience, sans oublier ses ancêtres venant de Tunisie, du Sénégal ou de Syrie, c'est être incité à la quête de l'universel et biberonné à l'importance du baptême de Clovis à Reims. Devenir Français et en être fier, sans oublier ses souvenirs d'enfance, c'est comprendre que la France des clochers n'est pas une nostalgie rance. Devenir Français et le revendiquer, sans oublier sa langue maternelle, c'est aimer la prose d'une escouade d'écrivains français qui offre des personnages empanachés et hauts en couleur. Devenir Français et connaître la France, sans tourner le dos aux littoraux de sa jeunesse, c'est aimer musarder sur les routes de campagne du Mercantour jusqu'au cap de la Hague. Devenir Français et aimer la France, sans oublier l'amour pour son pays de naissance, c'est ce que j'éprouve chaque jour.
Tout cela est encore possible, à une condition : stopper le plus grand casse jamais entrepris et qui se déroule sous nos yeux, ce casse du-siècle qui consiste à piller et à falsifier l'histoire de France. »

Extrait de l'article de Sonia Mabrouk, journaliste Franco-Tunisienne née à Tunis. (JDD 4039 du 9 juin 2024.)