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La France Mutualiste

Prochaine permanence de France Mutualiste à l'Amicale mardi 28 octobre
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Élévation d'une stèle commémorative sur la BA 120 de Cazaux

Le colonel Pierre Charrier commandant de la Base Aérienne 120 et la Base de Défense de Cazaux souhaite faire élever une stèle commémorative afin de rendre hommage à tous les aviateurs et combattants qui, depuis 1917, ont donné leur vie pour la France en opérant depuis cette Base.

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Danser sur les vagues

Ce 4e opus de Marie-José ABLANCOURT, épouse d'un membre de l'amicale et une des rédactrices dans notre bulletin, peut être acheté soit sur : www.edilivre.com

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C'est en Sologne, sur la commune de Pruniers, que naquit en 1912 le camp d'aviation de Romorantin, future BA273 qui, depuis 1961, porte le nom de son créateur le lieutenant-colonel Georges Mailfert .
Riche d'une histoire extraordinaire méconnue du grand public, la BA273 toujours importante pour ses fonctions logistiques au sein de l'Armée de l'Air et de l'Espace, diversifiant ses activités, a fêté les 50 ans d'une Unité volante : L'Escadron d'Instruction au Vol à Voile (EIVV) 21.535 "Chambord" le 25 mai 2023.

Sur son très bel insigne on distingue notamment au dessus des 3 hangars, symbole logistique, nait un segment de roue dentée, symbole de la mécanique, dont les ailes de notre Arme s'élèvent dans le ciel solognot pour enserrer une salamandre dans un écrin rougeoyant de braises : symbole royal de François 1er : "Nutrisco et exstinguo" (Je me nourris du bon feu, j'éteins le mauvais). La couronne royale qui domine et illumine l'ensemble rappelle que Claude de France, future épouse de François 1er, naquit en ces lieux, rêvés par le roi et par Léonard de Vinci, pour y construire... "Chambord"!
La ville devrait son nom aux collines environnantes et la petite rivière, affluent de la Sauldre, qui la traverse : "Rome sur le Rantin" : séduisante hypothèse, mais ce n'est pas la seule !

 

31 mars 1912, Naissance du camp d'aviation de Pruniers.

Georges Clémenceau demande au maire de Pruniers de participer à une souscription nationale pour création d'une aviation militaire.
Le 15 avril 1912, le président de l'Union Commerciale et Industrielle de Romorantin fait savoir au maire de Pruniers « qu'il serait nécessaire d'avoir un terrain d'aviation entre Orléans et Châteauroux comprenant une piste, un hangar et des magasins d'huile et d'essence ». 2 ou 3 avions y stationnent, avec un pilote et quelques mécaniciens.

6 avril 1917, les États-Unis entrent en guerre.

C'est entre 1917 et 1919 que Romorantin et les villages avoisinants vont connaître une effervescence sans pareille.

Le général Pershing décide de créer à Gièvres, petite ville près de Romorantin, d'immenses camps dont les infrastructures seront reliées entre elles par des lignes de chemin de fer pour ravitailler en vivres toute l'armée américaine de Dunkerque à l'Italie.
Le 26 juin 1917, les premiers "Sammies" débarquent à St-Nazaire qu'une ligne de chemin de fer va relier à Gièvres et continuer vers l'est.
En quelques mois, ce sont 2 gares de triages, un parc pétrolier, une usine frigorifique, une laverie, des dépôts gigantesques de vivres et de munitions, des ateliers de montages (avions, véhicules, matériel ferroviaire) un hôpital et une écurie de remonte à cheval, qui vont y être construits.

Le camp d'aviation et le "General lntermediate Supply Depot".

Mi-août 1917, c'est le 15ème Régiment US du génie qui débute les travaux. Trois mois plus tard un immense dépôt de 13 km de long et 3 km de large s'étend sur les communes de Selles-sur-Cher, Villefranche-sur-Cher et Gièvres. 25 000 hommes y stationnent. Tout ce qui sert à la construction vient des Etats Unis par bateaux puis est acheminé par voies ferrées.
Le 17 janvier 1918, trois escadrons de l'Air Corps arrivent. En 10 mois ils créent un camp d'aviation de 250 000 m2 de bâtiments, 16 km de routes, 17 km de voies ferrées et un champ d'aviation de 170 ha. Tout le matériel nécessaire à la construction des bâtiments est pris sur place. Le bois est coupé le matin et débité dans les scieries locales l'après-midi. Les caisses qui amènent les moteurs et les carlingues d'avions sont récupérées pour la construction. 6 hangars de 150 m de long, sont assemblés pour le stockage, l'assemblage et le montage des pièces. Les avions montés sur place sont équipés en armements et accessoires de pilotage. Entre les hangars, des buttes de tirs permettent les essais de tirs des appareils qui sont testés en vol à partir de 3 pistes.
le 11 mai 1918, le premier DH-4 "Liberty" sort des chaînes et à l'armistice, ce seront 1087 avions sortis de l'usine de montage ! 500 avions de chasse et de bombardement auront été montés mensuellement. Un record sera même établi le 28 septembre avec une production de 60 appareils ! Un atelier de réparation voit le jour. Les avions endommagés sont réparés ou servent de pièces de rechange.

Dans le dépôt de fournitures générales à l'aviation annexé à l'usine d'assemblage, transitent chaque jour, jusqu'à l'armistice, plus de 300 tonnes de matériel. Ajoutés à ce complexe industriel un immense dépôt de ballons comptera 9000 ouvriers dont un grand nombre de françaises, une usine frigorifique de 12000 m2, un camp pour automobiles, le dépôt de remonte n°22, l'hôpital vétérinaire n°1, une école pour les soldats, 3 hôpitaux le n°37, le 43 et le 94 pour la Base de pruniers, 2 cimetières, 200 hangars, 480 baraquements, des routes, 213 km de voies ferrées pour 555 aiguillages.

Tous les types d'avions utilisés par les alliés, environ 4000 au total, arrivent de partout : front, différents dépôts, écoles de pilotage, pour restauration ou réparation.
En mai 1919, après le départ des Américains, l'intendance liquide les stocks et le ministère charge le capitaine Mailfert, aviateur confirmé, de transformer le camp en dépôt de matériel aéronautique.
Le Magasin Général d'Aviation voit le jour en 1920. Deux  hangars de 160x150m servent d'abris aux avions et aux matériels nécessaires à leur entretien. L'emprise s'étend sur 120 hectares avec en plus un terrain de 800m par 1000m.

BA273 actuelle.

Contrairement à beaucoup de sites militaires, cette Base Aérienne voit ses activités d'origine logistique se diversifier. Outre son "Unité poids lourd" que constitue le Groupe Entrepôt des Matériels en Approvisionnement (GEMA) 11.602, elle comporte maintenant d'autres services nécessaires au fonctionnement de l'Armée de l'Air qui viennent, par leur spécificité, conforter l'importance de la plateforme. Nous retiendrons, avec le GEMA, le Centre de documentation technique de l’Armée de l’Air et de l’Espace (CDTAAE) et l'Escadron d'Instruction au Vol à Voile, son unité volante.

L'Entrepôt de l'Armée de l'Air (EAA) 00 602

1939- Abritant l'Entrepôt de l'Armée de l'Air 304, la Base Aérienne est sérieusement bombardée. À partir du 19 juin 1940, la Luftwaffe occupe et exploite le terrain, notamment avec des unités de bombardement.
Sa libération verra naître le 15 décembre 1944, l'EAA 602.
Au sein de cet entrepôt qui regroupe tous les entrepôts de l'Armée de l'Air spécialisés connus précédemment, le GEMA organisme central de l’Armée de l’Air chargé de la réception, de la prise en compte, du magasinage et de l’expédition des matériels aéronautiques, stocke sur le site environ 25 millions d’articles allant du rivet à la jambe de train d’atterrissage et assure à partir de ses ressources l’approvisionnement de tous les sites en France, en outre-mer ainsi qu’en opérations extérieures. Il assure également les envois en réparation et la réforme des irréparables.
Du GEMA relève également la Plateforme Inter Armées (PFIA) centrale de l'Armée de l'Air et de l'Espace, qui possède une quarantaine d’ensembles routiers parcourant annuellement quatre millions de kilomètres, en métropole comme à l'extérieur, pour 210000 m3 et 450000 colis transportés et manipulés.

Centre de documentation technique de l’Armée de l’Air et de l’Espace (CDTAAE).

Le Centre emploie des ouvriers spécialistes des métiers de l’imprimerie tels que conducteur de machine d’impression, façonneur-brocheur-relieur… Il assure la maîtrise d’œuvre du service documentaire pour l’ensemble de la documentation technique aéronautique utilisée par les armées : gestion du référentiel, le contrôle de forme, la construction, la production, la diffusion, l’archivage et le référencement physique de la documentation papier, numérique et électronique...

Escadron d'Instruction au Vol à Voile (EIVV) "Chambord".

Le 25 mai 2023, la BA 273 a fêté les 50 ans de l'Escadron d’Instruction au Vol à Voile "Chambord".

La naissance de la plateforme aérienne remonte, on l'a vu à 1912, mais c'est en mai 1917, que les Américains s'installèrent sur le terrain dit "de la Butte", où s’entraînait le bataillon du 113ème Régiment d’Infanterie qui occupait, jusqu’en 1919, la caserne Deflandre dans le quartier de Romorantin de l’Île Marin, au Bourgeau, incendiée par les Allemands en août 1944.
Le registre du conseil municipal de Pruniers du 18 juillet 1915 mentionne qu’atterrissent tous les jours des aviateurs venus d’Avord, suivant leur itinéraire de formation de pilote !
Plus récemment, c'est en 1971 qu'à l'État-major de l’Armée de l’Air va naître l'idée de créer un centre moderne de perfectionnement pour le vol à voile militaire : projet qui se concrétise en 1973.
En 2015, le "Centre Vélivole Air" de Romorantin qui dispose déjà de planeurs modernes et bénéficie de zones aériennes favorables aux évolutions, conforte sa position et devient "Escadron d’Instruction au Vol à Voile". La tradition voulant qu’une référence prestigieuse s’insère dans le nom donné : "Chambord" sera justement choisi.
L’utilité du pilotage de planeur est apparue comme essentielle pour percevoir le sens de l’air, de l’orientation dans la troisième dimension, la navigation à vue, les bases du pilotage et de la sécurité aérienne. Économique, c'est aussi très efficace pour la poursuite du cursus sur avion.
Support des vélivoles de haut niveau, l’EIVV participe aux compétitions nationales et internationales et organise à Romorantin durant 2 semaines : une rencontre internationale militaire bisannuelle, le "National Air".
De février à mi-avril, l’EIVV se délocalise en Provence, pour la formation au vol en montagne.
Ce sont donc près de 200 stagiaires qui, sur une année, passent par l'EIVV de Romorantin, doté de 15 planeurs et de 3 avions dont la maintenance est externalisée.
L'EIVV dispose aussi de 2 simulateurs de vol : un biplace avec projection sur écran pour des sessions pédagogiques avec un instructeur, et un monoplace en réalité virtuelle pour une immersion totale.
L’escadron se compose de personnels d'instruction et d'encadrement permettant de traiter ce nombre important de futurs pilotes. Il est commandé par le capitaine Sébastien, vers qui vont nos vifs remerciements pour son aide.

Georges Mailfer un grand oublié ?

L'aviation c'est toute la vie de Georges Mailfert. Né en 1875 à Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or), Georges Mailfert débute sa carrière militaire le 31 octobre 1894 au 60ème Régiment d'Infanterie à Besançon. Lieutenant en 1904, capitaine en 1913, , il obtient le brevet de pilote civil (avec Roland Garros) le 19 juillet 1910 et le brevet de pilote militaire n°19 le 27 juillet 1911. En 1912, il organise le prix de l'aéro-cible Michelin.
Outre ses fonctions de magasin, le Dépôt joue alors un rôle dans la lutte contre les incendies de forêt. Depuis 1923, le centre de Romorantin, grâce au lieutenant-colonel Mailfert, prête son appui aux forêts de Sologne. Il est à la pointe dans l'organisation de cette lutte.
Il est l'un des plus brillants pilotes militaires, titulaire de la Médaille Militaire, membre de l'Amicale des pilotes aviateurs d'avant-guerre, il figure dans l'annuaire des Vieilles Tiges de 1924. À 49 ans, en 1932, il est élevé au grade de Commandeur dans l'Ordre de la Légion d'Honneur.
Extrait de la revue "Les Ailes" qui le 26 janvier 1939, brosse ainsi son portrait :
« Colonel Georges Mailfert : un de nos plus glorieux et brillants pilotes, aux premières heures de l'aviation militaire… On n'oubliera jamais la fine silhouette de ce jeune lieutenant qui, le képi retourné à la mode d'alors, décollait, volait, atterrissait sans arrêt à bord d'un biplan Farman, emmenant, baptisant, à tour de bras, tous ceux qui voulaient bien se confier à lui... »
Il fut directeur, à Romorantin, du Magasin Général N°3, actuellement Entrepôt de l'Armée de l'Air 00 602.

Sources : AIR ANSORAAE N° 174 et Wikipédia .