
Notre Armée et son rôle social.
Si l'on dit que comparaison, n'est pas raison, l'Histoire, comme celle, relativement récente, de cette France qui sous Napoléon III avait atteint son apogée (Audrin CEP 1949), a marqué fortement notre Nation et reste néanmoins une précieuse mine d'enseignements.
En ce 19ème siècle, le corset France va craquer sous différentes aspirations et poussées sociales. Véritable métamorphose, notre Nation casse la chrysalide des temps anciens et s'ouvre à l'ère industrielle des temps modernes.
Révolution sociale en virage brutal qui se négocie, diraient nos pilotes, sous des facteurs de charges impressionnants, générateurs d'incertitude, d'angoisse et de troubles sociaux.
À la recherche d'une solution de cohésion nationale capable de barrer la route à tous chaos potentiels, certains esprits éclairés pensaient trouver en l'Armée l'institution capable de rassembler un peuple, instruit à cette époque des valeurs ancestrales qu'il fallait préserver.
Parmi eux, le Maréchal Lyautey écrira le Rôle social de l'officier. Son idée est simple : « Aucune institution, dit-il n'a un pouvoir aussi social que l'Armée. Tous les hommes de France y participent. Tous, ouvriers de la main et de la pensée, lettrés et ignorants, propriétaires et laboureurs, reçoivent, pendant une période de leur vie, l'empreinte d'un lieutenant, d'un capitaine, d'un colonel. L'encadrement est total. Les actions ont leurs conséquences. Le brassage social, ethnique, religieux ne peut être négocié. La conscience nationale y prend corps. C'est donc l'armée qui doit être, conclut-il, la grande école de la Nation. Le remède des divisions. La masse concomitante. Le commun »…
L'Armée française, forte armée d'Europe, dotée avec le Royaume Uni de la dissuasion nucléaire, ne fait plus appel au Service Militaire Obligatoire depuis 2002. Désormais professionnelle, ses effectifs réduits aux alentours de 200.000 militaires d'active et 41.000 réservistes pour 70 millions d'habitants environ, font apparaître le très faible taux de participation de l'ensemble de la Nation aux choses de la Défense.
Cette situation a pour corollaire, non point le divorce du peuple envers son armée, car elle jouit encore du sacré au sein de la Nation, mais s'agissant des choses de la Défense, cette situation a pour conséquence mortifère l'oubli de valeurs essentielles : une Nation ne peut être, sans son peuple rassemblé sous un même drapeau en cohésion dans un esprit de défense de ses citoyens et de son patrimoine.
Aujourd'hui, consciemment ou non, chacun se rapporte à : « L'armée est là pour nous défendre. »
Pourtant le contexte mondial, où éclosent et bouillonnent des guerres modernes de toutes natures, ainsi que les problèmes rencontrés en interne (d'assimilation, sociaux, économiques, politiques) devrait nous inciter à rebâtir au plus vite, la maison France autour de son Armée.
Or, former un citoyen ne relève pas d'une génération spontanée : se révèlent aujourd'hui, ivraie comme bon grain, les fruits des semailles effectuées dans les années 1960. Il est donc urgent de revoir les fondements de l'enseignement inculqué à notre jeunesse pour que renaisse un état d'esprit porteur d'espoir en l'avenir, indispensable à toute cohésion.
À défaut recréer le Service Militaire Obligatoire, il est urgent de renforcer nos effectifs opérationnels par les engagements volontaires prévus pour renforcer, dans la durée, les postes de plus en plus techniques, nécessaires à toute armée moderne.
Par ailleurs, la participation de "la Réserve" et la pub faite lors des fêtes et des cérémonies, devrait être beaucoup plus importante pour contribuer également à promouvoir et consolider la cohésion tant recherchée depuis Lyautey.
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La population de notre Amicale vieillit et n'est pas, ou que peu remplacée. Des jeunes cependant, séduits par les valeurs que nous portons, répondent présent pour nous rassurer sur un avenir pourtant quelque peu incertain.
Ils méritent, à bien des égards nos remerciements pour l'enthousiasme et le dévouement dont ils font preuve.
Et, il faut sans cesse le rappeler, ce sont les extraordinaires valeurs fondamentales que nous a léguées Jacques Le Guen, valeurs qui, au-delà des opinions, des couleurs de peaux, de sexes, de religions et de grades, sont nos solides piliers : Amitié, Solidarité, Convivialité.
Soyons en conscients, cultivons-les.
Bonne année 2026 pour tous, avec une pensée particulière pour les plus fragiles socialement et économiquement.
René Léry
Bulletin Choucroute du 27 février 2026
