Le 28 mars 1954, un Dakota se pose à Diên-Biên-Phû.
Geneviève de Galard, 29 ans, convoyeuse de l'Air, vient pour convoyer des blessés vers Hanoï, mais l'artillerie Vietminh interdisant tout décollage, Geneviève devient alors l'infirmière de quelques 200 blessés avec les Dames du Bordel Militaire de Campagne (BMC), dont aucune n'échappera à la mort après des conduites des plus héroïques, elle sera faite prisonnière des Viêts.
Janvier 1954. Déjà, le tsunami communiste Russo-Chinois, déferle sur l'Indochine, (Laos, Annam, Tonkin, Cochinchine et Cambodge, soit presque 4 fois la surface de la France métropolitaine) car Mao-Tse-Toung veut que Hô-Chi-Minh soit en position de force pour négocier l'indépendance à Genève.
Pour stopper l'invasion, le général Navarre conçoit alors une Base offensive dans la cuvette de Diên-Biên-Phû qui avec des fortifications, protections des PC, tranchées de défense et de communication, trop légères, se révèlera trop éloignée pour recevoir un appui aérien efficace.
5 février 1954. 15 000 hommes du colonel De Castries secondé par les colonels Langlais et Bigeard, sont encerclés par 80 000 Viêt-Minh du général Võ Nguyen Giap. Dès le 13 mars 1954, sous le feu de 200 canons transportés par camions Russes aux pieds des montagnes et montés à vélos et bras d'hommes en pièces détachées jusqu'aux sommets, que le Corps Expéditionnaire Français livrera son glorieux baroud d'honneur qui ne prendra fin que le 17 mai 1954.
65 jours d'assauts désespérés dans un enfer de boue pour reprendre des postes à l'ennemi, secourir les blessés sous la mitraille, les obus de mortier et de canons.
Les 65 jours de convulsions d'une terre qui meurt anéantie par ce chaos signeront le début de la décroissance progressive de notre puissance devenue aujourd'hui inaudible dans le concert des Nations.
Sur 10 998 de nos soldats faits prisonniers, 7 708 mourront en captivité : absence de soins, dénutrition, atrocités défiant l'imagination. « Après 700 km de marche forcée pour atteindre les camps, les prisonniers devaient subir le matraquage de propagande communiste avec endoctrinement politique obligatoire : séances d'autocritique où les prisonniers devaient avouer les crimes commis contre le peuple vietnamien (réels et imaginaires), implorer le pardon et être reconnaissants de la « clémence de l'Oncle Ho qui leur laisse la vie sauve ». (Wikipédia). Ici, il faut citer Bourdarel, bourreau français, directement responsable de la mort, après les plus horribles tortures, de plusieurs centaines de nos soldats. De retour en France, il était professeur d'histoire à l'Université Paris VII, puis chercheur au CNRS, quand il fut reconnu, lors d'un colloque au Sénat en 1991. Malgré les témoignages décrivant des conditions pires, diront certains, que dans les camps nazis, la plainte déposée contre lui pour "crimes contre l'humanité" ne sera pas retenue. Il mourra dans son lit en 2003.
Le retour en Mère Patrie fut épouvantable. Honnis dès la sortie des bateaux, triés et séparés par crainte d'avoir été "retournés" par les lavages de cerveau de l'Oncle Hô et de Bourdarel qui formait les Viets pour cela, nos héros furent, dans l'ingratitude la plus totale, abandonnés de la mémoire collective, avant qu'ils voient aujourd'hui, enfin réhabilitée, la très juste cause qu'il défendaient.
Geneviève de Galard vient de nous quitter. On en reparlera.
La Société Nationale d'Entraide de la Médaille Militaire (Arcachon) avait organisé, le 3 mai, une séance commémorative avec présentation d'ouvrages et projection du film "Diên-Biên-Phû 1954 le Sacrifice" du réalisateur Philippe Delarbre présent à cet hommage où étaient soulignés notamment les liens qui unissaient nos soldats au peuple Vietnamien et la fraternité d'armes avec les supplétifs et les Viets "retournés". Sur l'imprimé, remis à chacun, on lit : de 1945 à 1954, sur 37 000 prisonniers du Viet Minh, 26 000 ne sont pas revenus. En 1950, après le désastre de la RC4, sur 20 000 prisonniers, 32 ont survécu au camp N°1 et seuls 200 blessés nous ont été rendus. Qui a protesté contre ces crimes ?
Georges Billa