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Danser sur les vagues

Ce 4e opus de Marie-José ABLANCOURT, épouse d'un membre de l'amicale et une des rédactrices dans notre bulletin, peut être acheté soit sur : www.edilivre.com

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La France Mutualiste

Prochaine permanence de France Mutualiste à l'Amicale mardi 16 avril 2024.
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Ici, pas de coups de feu, explosions, morts ou blessés, car je vous l'ai déjà dit, si la guerre en Algérie n'en n'était pas, hélas, toujours exempte, nous y avons aussi vécu des moments joyeux et/ou mémorables comme celui que je vais vous raconter aujourd'hui !
Voici donc, en quelques mots, une soirée d’embuscades qui restera dans tous les esprits des participants. Je suis le 3ème dans une Unité de Défense dans le Constantinois. Depuis quelques temps, je mène des actions pour protéger le village "X" qui nous est acquis, contrairement à "XY" (presque du même nom) qui est à tendance "fell" et que je traiterai plus tard.
Pour être dans le cadre des consignes reçues, je décide de monter un "truc opérationnel" avec une section de fusiliers -commandos ("fuscos") complète. La nuit n’est pas parfaitement claire. C’est l’été, il fait chaud, très chaud, cette nuit-là. C’est une fin de mois.
À minuit, j’ai fait mettre trois petites embuscades autour des principaux accès du douar : les personnels sont allés se mettre en place en faisant des détours de plusieurs kilomètres afin de ne pas être repérés. J’attends qu’elles soient toutes bien en place et prêtes à fonctionner. Si des fellaghas collecteurs de fonds sont déjà passés (c’est l’époque) et installés chez "X", il est possible, en leur faisant peur, qu’ils essaient de s’éclipser : ce genre de rebelle n’est pas très combattif et peu téméraire, l’argent est leur motivation principale, et alors « couic » !
J’ai donc décidé de m’installer avec un half-track au milieu du village : cela va faire du bruit, mais c’est justement le but recherché. Cet half-track est un véhicule blindé avec des roues à l’avant, des chenilles dans la partie arrière et une mitrailleuse MAC 34T jumelée avec chargeurs "camemberts". Nous quittons notre cantonnement. Je suis à côté de mon pilote, le tireur à son poste, derrière nous 8 fuscos. Direction le douar, nous traversons mes embuscades : parfaitement camouflées.
Tout se présente sous de bons auspices : nous avons entendu, au loin, des chiens aboyer et je sais que ce n’est pas pour nous. Nous arrivons avec le véhicule au sein du village. Je vois un petit tertre de 50 cm environ de hauteur, apparemment de "terre sèche", que je n’avais pas encore tellement remarqué lors de mes visites précédentes. Je demande à mon chauffeur de se positionner sur ce monticule : quatre fuscos restent à bord avec les mitrailleuses, je pars avec les autres faire un tour dans le village. Le véhicule, surtout la nuit, ça fait beaucoup de bruit (bien sûr). Les habitants savent que nous sommes là et si des fells sont présents, ceux-là savent aussi qu’ils n’ont pas intérêt à rester et donc qu’ils doivent partir avant le lever du jour : si nous ne les "accrochons" pas, je compte sur mes embuscades extérieures pour réaliser  l’interception.
Nous nous déplaçons dans le douar sans essayer d’être silencieux, mais sans en faire trop, non plus : mine de rien, nous aurons fait plusieurs kilomètres à pied. Quatre heures du matin. Tout a été calme, trop calme, il ne s’est rien passé. Il est temps de lever le dispositif, il ne faut pas que les éléments placés en embuscade puissent être repérés.
Je retourne à l’half-track avec ma petite équipe, un peu déçue d’une nuit aussi sereine. Cependant, nous allons être servis mais pas du tout dans une action de combat !
Retour au bercail, nous l’avons quand même mérité. Nous retrouvons la garde au véhicule qui a trouvé le temps long. Nous grimpons à bord et moteur en route : l'engin consomme 100 litres aux 100 km, vous avez bien lu et pèse 9 tonnes. Le pilote passe une vitesse : nous voilà partis...
Eh bien non ! Nous ne bougeons pas… mais alors pas d’un poil ! (terme bien connu des parachutistes) !
Le chauffeur accélère, rien n’y fait : les chenilles caoutchoutées patinent, impossible d’avancer. Que se passe-t il ? Je descends du véhicule, jette un coup d’oeil vers les chenilles. Je vois mal, mais je sens une odeur bizarre...
Un petit coup de lampe : on peut, puisqu’il s’agissait de faire du bruit et le secteur est calme.
Et là, je découvre avec horreur que le véhicule s’est enfoncé dans le talus où il est engagé presque jusqu’à la caisse et les chenilles qui patinent brassent… de la merde !
Apparemment sèche, mais une fois remuée et avec la chaleur, on sait parfaitement de quoi il s’agit. Je sais, le mot est vulgaire, mais dans ce cas la bonne éducation ne sert pas à grand-chose ! Nous sommes dans "le coin" où l’ensemble du douar déposait ses excréments, il y a, il y a…
Eh bien ! « Nous voilà… dans la mouise ! », expression connue, triviale, mais bien réelle ici. Il n’y a pas 36 solutions : nous ne pouvons pas nous en sortir tout seuls.
J’appelle le PC Protection-Défense en écoute radio permanente et demande d’urgence, l’half-track qui a un treuil.
2ème HT. Ce dernier arrive avec mécanos et équipe de renfort, le tout avec grand bruit au milieu de la nuit. Installation du câble en acier et mise en route des deux engins et du treuil : rien n'y fait. Mon véhicule ne bouge toujours pas d’un poil. Un HT c’est très lourd, il est vraiment posé sur la caisse. Que faire d’autre ?
3ème HT. J’appelle à nouveau le PC Protection-Défense et je demande que l’on m’envoie un autre half-track (nous en possédons quatre au total).
Ne riez pas ! Même scénario, mon HT tiré par les 2 autres et le treuil ne bouge toujours pas. J’avoue que la situation est particulièrement angoissante, j’arrive à en oublier le problème posé par d’éventuels fellaghas.
Que faire encore d’autre ? J’appelle à nouveau le PC Protection-Défense et je demande que l’on m’envoie le dernier half-track. C’est l’ultime recours.
4ème HT. Efforts de la désespérance. Enfin, mon HT veut bien décoller et quitter son carcan. Il aura fallu quatre moteurs et un treuil pour arriver à quitter "le merdier" (expression connue aussi chez les paras !). Nous rentrons enfin à l’Escadron, en convoi : la peur s’estompe !
Cette aventure a laissé des traces..., expérience et méfiance dans le terrain, voilà deux maîtres-mots : à méditer.
Résultat de la nuit : avec ce dépannage mouvementé et tout ce remue-ménage, les gens du village n’ont pas dû dormir beaucoup ; aucun n’est sorti pour voir ce qui se passait, couvre-feu oblige. Les embuscades autour du village n’ont rien donné. Dans les douars voisins, les chiens n’ont pas aboyé de la nuit : les fells (s’il y en avait) ont dû avoir la peur de leur vie en entendant tout ce vacarme.
Le jour-même, je suis retourné sur les lieux de l’incident pour rassurer la population et constater les dégâts. Nous avons bien ri de cette mésaventure, avec Mon Harki et le"ouakaf" (chef du village) qui m’avouera, quand même, qu’il a, ainsi que tous les habitants, "balisé" en entendant le boucan nocturne. Tant de véhicules blindés de nuit, dans un si petit village, cela ne peut être qu'angoissant.
Mais quels fou-rires ont eu certains villageois en découvrant l’objet de leur peur.
Cette anecdote mémorable… ne s'invente pas ! Pour faire court, elle nous rappelle aussi que dans ce conflit les relations humaines ont souvent été préservées par notre armée et les populations civiles.
Quant au nettoyage des chenilles de mon engin, je ne raconte pas le boulot : tous n’ont pas forcément bien ri du résultat de notre "ballade".

CW

160ème anniversaire de Camerone

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