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Danser sur les vagues

Ce 4e opus de Marie-José ABLANCOURT, épouse d'un membre de l'amicale et une des rédactrices dans notre bulletin, peut être acheté soit sur : www.edilivre.com

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La France Mutualiste

Prochaine permanence de France Mutualiste à l'Amicale mardi 16 avril 2024.
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« Les effets de la marée résultent des forces de gravitation différentielles que 2 corps, relativement proches, exercent l'un sur l'autre. Les hommes ont attribué très tôt le phénomène des marées sur Terre à l'influence de la Lune, parce que l'heure de la marée haute correspond au passage de la Lune dans le plan d'un méridien d'un lieu. Il a fallu cependant attendre la théorie de la gravitation de Newton pour en donner une explication satisfaisante.
Ah ! Newton… S'il est un homme vraiment universel, c'est bien lui. Que l'on parle de comètes ou de marées, ou d'ailleurs de toutes choses dans l'Univers, on le retrouve avec sa loi ; il faut donc bien la rappeler :
2 corps de masses M1 et M2 à distances R l'un de l'autre, s'attirent selon la formule F(force d'attraction)=G M1M2/R2
Ceci est valable pour la pomme qui tombe de l'arbre ou M est la masse de la pomme, M2 est la masse de la Terre et R est, en gros, la distance du pommier au centre de la Terre ; dans ce cas là, le coefficient constant est le fameux g=9,81 m.s-2 l'accélération de la pesanteur. Ceci est aussi valable pour le couple Terre-Lune : coté Lune, l'attraction terrestre, en compensant la force centrifuge, fait que la Lune reste à peu près à la même distance et, côté Terre, la Lune attire les particules constituant la Terre de façon différente (on dit différentielle), car la Lune-particule varie suivant la position de la particule sur la Terre.
Les particules solides qui ont entre elles des forces de cohésion bien plus importantes que l'attraction lunaire, ne bougent guère. Mais les particules liquides beaucoup plus indépendantes obéissent mieux aux sollicitations lunaires.
Les masses liquides vont donc se déformer constituant une forme d'ellipsoïde autour de la rondeur solide, les particules les plus renflées étant situées dans l'axe Terre-Lune.
Pour la suite de mon propos, je crois que de bons dessins vaudront mieux qu'un long discours.

Les flèches ont des longueurs proportionnelles à la force d'attraction. On voit bien l'attraction différentielle suivant la position du point sur la Terre.

Le résultat global est celui-ci : haute mer toujours dirigée vers la lune ou vers l'opposé.

La fréquence des marées se résume en trois schémas :

8 h 00 Pleine mer à Arcachon Basse mer à la Nouvelle Orléans

14 h 00 La Terre a fait 1/4 de tour Pleine mer à la Nouvelle Orléans Basse mer à Arcachon

20 h 00 La Terre a fait 1/2 tour Pleine mer à Arcachon Basse mer à la Nouvelle Orléans et ainsi de suite…

Passons aux coefficients qui traduisent la hauteur maximale d'une marée. En l'absence d'autres éléments perturbateurs, les marées auraient une amplitude constante.
Il faut donc tenir compte en tout premier lieu de l'influence du soleil. Il est beaucoup plus loin, mais sa masse infiniment supérieure joue un rôle important. Comment ? Revenons à nos dessins

Quand le Soleil et la Lune sont en quadrature (dans des directions perpendiculaires par rapport à la Terre), leurs effets se contrarient, les marées sont faibles : ce sont les mortes eaux.

Quand le Soleil, la Terre et la Lune sont dans le même alignement, les marées sont fortes : ce sont les vives-eaux.
Pourquoi les vives-eaux varient-elles de 92 à 112, 118… 120 ?

Disons que Terre et Lune se déplacent dans un plan contenant le Soleil que l'on nomme l'Écliptique, incliné, pour corser le problème, de 23° par rapport au plan équatorial (perpendiculaire à l'axe de rotation de la Terre).
La trajectoire de la Lune est une ellipse ayant la Terre pour foyer, la trajectoire de la Terre est une ellipse ayant le Soleil pour foyer. Dès lors on conçoit bien que les distances Terre-Lune-Soleil vont être chaque jour différentes et les coefficients de marées qui traduisent en fait la valeur de l'attraction luni-solaire, aussi.
Comme on connaît précisément le mouvement de nos astres, tout ceci est calculable et surtout prévisible, même longtemps en avance (comme d'ailleurs les éclipses).
D'autres éléments perturbateurs sont multiples: les masses liquides déplacées heurtent les fosses océaniques ou les reliefs côtiers provoquant des variations dans l'amplitude (par exemple 60 cm à Tahiti 15 m à Saint-Malo) ou des résonances qui changent la fréquence (doublement des marées en mer du Japon).
Les éléments météorologiques, vents et pression, influencent de façon quelquefois considérables, la hauteur ou l'heure des marées. Les prévisionnistes ont donc fort à faire pour aboutir à leurs annuaires qui sont maintenant d'une fiabilité remarquable. Leurs calculs harmoniques appliquant le principe que tout mouvement cyclique peut se traduire par une somme de sinusoïdes, s'aident aussi de marégraphes implantés dans les différents ports et qui apportent des éléments correctifs imposés par les spécificités côtières. Précisons que les prévisions ne tiennent jamais compte des perturbations atmosphériques, bien sûr ! »

Fernand Poumeyrol 1998. Docteur en astronomie, ex président des Randonneurs du Pyla.

J'avais demandé cet article au regretté Fernand, pour "la lettre du randonneur" car du pays Basque au Verdon, de Garonne, Dordogne et Adour, nous vivons avec la marée… et parfois son mascaret, qui remonte nos cours d'eaux jusqu'à 100 km. Merci encore Fernand, pour cette présentation que tu avais bien voulu vulgariser ! GB