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Danser sur les vagues

Ce 4e opus de Marie-José ABLANCOURT, épouse d'un membre de l'amicale et une des rédactrices dans notre bulletin, peut être acheté soit sur : www.edilivre.com

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La France Mutualiste

Prochaine permanence de France Mutualiste à l'Amicale mardi 16 avril 2024.
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Le concept d'utilisation de laser, comme moyen de guidage d'armement a nécessité une quinzaine d'année de recherches et de mises au point aux Etats-Unis et en France. Extraits d'un remarquable exposé (que nous tenons à votre disposition) rapportée par Jean-Claude Vergnères qui en relate dans les moindres détails les cheminements scientifiques, et militaro-industriels, les extraits qui suivent ne s'adressent qu'aux néophytes que sont, en la matière, la plupart d'entre nous, pour nous en rappeler les faits les plus marquants qui touchent à la recherche militaire française, effectuée notamment sur nos Bases aériennes de Cazaux et de Mont-de-Marsan.

E n 1972, l'US Air Force cherchant à détruire un pont de chemin de fer près d’Hanoï, fit appel à une technologie nouvelle : guidage d'une bombe appelée "Paveway", larguée à distance par un avion sur un objectif localisé.
Le pont fut détruit, l'Armement Guidé Laser (AGL) était né. Mais la complexité de la synchronisation tireur/illuminateur a engagé l'US Air Force à lancer le développement d'un système autonome de guidage laser pour que l’avion illuminateur soit aussi l’avion tireur.
Des programmes furent alors conduits par Lookheed-Martin et en France Thomson CSF sous l'autorité des Bureaux Programmes des États-majors respectifs. Le coup de pouce significatif de cette coopération viendra de la volonté de deux hommes positionnés aux BSA des deux Etats-major US et Français : le colonel Boichot, chef du Bureau Opérations à l’EMAA et son beau-frère occupant un poste équivalent à l’Etat-Major de l’USAF, qui vont faire en sorte de faire signer la convention de développement Franco-Américaine entre les deux sociétés !
L'avion Jaguar, dévolu aux missions tactiques, étant sans calculateur de mission, a nécessité d'importantes modifications faites par Thomson CSF pour assurer la future mission d'attaque au sol.
Pour l'ensemble de ce système d'armes, toutes les grandes sociétés françaises d'armement aéronautiques ont été concernées et, dès 1975 conduites à coopérer à ce programme dont les développements ont été étalés sur plus de 15 ans.
Deux alimentations pour l'électronique et le laser et enfin un groupe de climatisation pour le refroidissement de l'ensemble corps électronique et émetteur laser sont avionnés et testés sur le Jaguar A4 à Cazaux en septembre 1976.
Une cible spécifique développée sur le champ de tir de Calamar à Cazaux ainsi que des chars ont contribué au développement du système. Au Centre d'Essais en Vol de Cazaux, un grand nombre d'essais fonctionnels et d'ouverture de domaine ont été réalisés.
1980 : le congrès US rompt le contrat de coopération franco-Américain. La DGA et l'État-major de l'Armée de l'Air, font alors appel à Thomson CSF Optronique, pour poursuivre le développement et "Franciser" le POD.
Après de très longues créations, modifications, le POD ATLIS II est livré à Cazaux en décembre 1981. L'équipe de marque AGL est créée au sein de l'annexe du CEAM à Cazaux. Elle définit le concept d'emploi opérationnel, qualifie les différents armements, définit l'emploi et la maintenance 1er et 2eme échelon, rédige les documents supports techniques et opérationnels pour transformer les équipages et techniciens de la 11ème Escadre de Chasse. Ce programme va se dérouler sur une période de 5 ans et nécessiter près de 200 vols d'essais qui vont se dérouler majoritairement sur le champ de tir de Calamar.
En pleine guerre froide, l'ensemble de l'Armée de l'Air était tournée vers la Défense Aérienne dont les missions étaient dévolues aux Mirages III et F1. Cela va s'améliorer avec l'arrivée en unité du couple M2000/RDI.
La mise au point de ce système sur l'avion Jaguar a nécessité de nombreuses modifications et améliorations de l'ensemble des éléments du POD armement-avion. Sur les avions dotés de centrales à inertie type Super Etendard, F1 EQ et Mirage 2000, ces améliorations ont permis la réussite de très nombreuses missions de guerre.
En parallèle à ces essais en vol était développé le concept de maintenance 1er échelon à Cazaux et 2ème échelon au CEAM de Mont de Marsan pour la maintenance des PODs, le test du Missile AS 30L et de la BGL 1000 kg afin de préparer l'infrastructure, avec salle blanche, à réaliser sur la base 136 de Toul.

Après bien des déconvenues dans les phases de tirs réels, sur Jaguar, c'est le quatrième essai qui a très certainement convaincu la Marine de faire adapter ce système d'arme par Dassault Aviation au Super Etendard à partir de 1988.
Ce système aura permis à l'Armée de l'Air Française de connaître beaucoup de succès au cours des conflits des années 1990 (IRAN/IRAK, la Guerre du golfe, ex Yougoslavie) en lui donnant dans le domaine de l’attaque au sol la crédibilité qui est la sienne aujourd’hui.
Mais revenons au développement du système qui s'est poursuivi tout au long de l'année 1985 pour enfin arriver à maturité en cette fin d'année.
Manquait cependant à connaître le comportement du système en milieu tropical. Les essais effectués en démontrèrent la nécessité. Il fallut donc effectuer encore de lourdes adaptations pour le fiabiliser.
La déficience du système de navigation du Jaguar rendait l'acquisition de la cible très aléatoire et le couplage avec le système de navigation a été une évidence. Dans bien de ces cas, l'Armée de l'Air Française n'aurait pas été éligible dans les coalitions internationales sans ce type d'armement incontournable aujourd'hui.
La validation de la BGL 1000 kg. développée par Matra a été faite dès sa mise en service et a permis son utilisation opérationnelle avec succès dans certains conflits.
Hommage aux industriels visionnaires et déterminés qui se sont lancés, à l'époque, dans cette aventure si évidente aujourd'hui. Une famille de PODs a été développée depuis sur de nombreux avions, dont le Rafale. Ils ont conservé le concept d'utilisation mis au point plus de 30 ans auparavant tout en améliorant leurs capacités d’acquisition, d’identification et de reconnaissance, de jour comme de nuit, avec pour objectif d’augmenter la précision et donc l’efficacité opérationnelle tout en diminuant considérablement les effets collatéraux. Une belle réussite technique et une extraordinaire aventure.