Actualités

Fermeture de l'Amicale

Pour cet été l'Amicale est fermée du vendredi 4 juillet au lundi 25 août 2025.

Les mails, le téléphone et le courrier sont relevés normalement.

Passez un bon été, restez au frais.

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Élévation d'une stèle commémorative sur la BA 120 de Cazaux

Le colonel Pierre Charrier commandant de la Base Aérienne 120 et la Base de Défense de Cazaux souhaite faire élever une stèle commémorative afin de rendre hommage à tous les aviateurs et combattants qui, depuis 1917, ont donné leur vie pour la France en opérant depuis cette Base.

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Danser sur les vagues

Ce 4e opus de Marie-José ABLANCOURT, épouse d'un membre de l'amicale et une des rédactrices dans notre bulletin, peut être acheté soit sur : www.edilivre.com

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 Sur missile MATRA 530 au profit du Centre d'Essai en Vol (CEV)

Le missile MATRA 530 est un missile air-air, possédant deux versions :
- l'une électromagnétique : avant de tirer il faut "éclairer" la cible par le radar de bord et continuer à "l'éclairer" jusqu'à l'impact.
- l'autre est infra-rouge : le tir s'effectue après accrochage du missile sur une source infra-rouge (la tuyère de la cible par exemple) mais attention à la position du soleil.

Lors des essais il y a des missiles à charge militaire (donc complets) et des missiles à mesures, avec une bande enregistreuse qu'il faut récupérer après le tir.
Colomb Béchar aux portes du désert était une base où la France faisait des expérimentations et des tirs balistiques (ce sera plus tard à Biscarrosse) air-air ou air-sol. Il y avait 2 champs de tir, un sur le site de Béchar, l'autre à plus de 100 kilomètres à Hamaguir en plein désert. Sur ces 2 sites il y a divers moyens de guidage et de suivi des tirs (caméras, ciné-théodolites etc).
Au printemps 1963 à la "section chasse" du CEAM, l'expérimentation du Mirage IIIC était axée sur le missile Matra 530 et des interceptions avec ce missile jusqu'aux présentations en face à face avec des vitesses de rapprochement supérieures à Mach 2,5.
À Colomb Béchar le CEV était en train de valider les tirs de Matra et la campagne de tir n'était pas un franc succès : en 6 semaines il y a eu 6 tirs dont 3 échecs "faute pilote".
En panne de pilote d'essai on demande au CEAM un pilote pour effectuer les tirs, un lieutenant-colonel est annoncé… Il se désiste puis un commandant en fait autant… On enverra donc un capitaine.
En c'est ainsi que le 10 mai mon chef m'appela dans son bureau (je suis lieutenant ORSA) et me donna une heure pour passer chez moi prendre un léger bagage. De là, commence mon aventure.
Un Dassault 315 m'amène en début d'après midi à Perpignan où un Sielbel NC 701 qui descend de Brétigny va me permettre de rejoindre Colomb Béchar. Escale à Oran puis arrivée à Béchar. Au pied de l'avion un capitaine au garde à vous me salue, car il faut dire que pour ne pas casser nos épaulettes avec les sangles de siège, on les mettait dans une poche de la combinaison de vol : étonnement du capitaine en question lorsque je remets mes 2 ficelles !
Première question : « pensez-vous être prêt à tirer dès demain matin ? – Pas de problème ! »
Tôt le matin du 11 mai il fait déjà très chaud à Béchar où on ne vole pas souvent l'après-midi. Au pied de l'avion un ingénieur de CSF (radar Cyrano) me demande si une interception à 0,8 - 0,9 de mach plein arrière me conviendra. Je lui réponds que je viens d'effectuer avec pleine réussite, des interceptions avec mach 3 de rapprochement (1,4-1,6).

Premier tir d'un 530 électromagnétique à mesures. Manque de pot : la précision est telle que j'abats le CT20 qui servait de cible. Il n'y avait pas encore de télémesure dans le missile mais seulement une bande enregistreuse. (HB).
Nouveau tir le 13 toujours avec un 530 électromagnétique avec une présentation différente.
Le 14, tir d'un 530 électromagnétique à charge militaire sur un Mistral téléguidé.
Le 15, c'est un tir de 530 infrarouge à mesures sur un Mistral téléguidé qui est abattu… Cet engin est vraiment précis. Le même jour j'effectue un deuxième tir sur un CT20 en face à face avec un missile électromagnétique à mesures.

Jusque là j'ai effectué les tirs sur le Mirage IIIA n°8. Le Mirage IIIC n°3 étant enfin disponible j'effectue l'après-midi un vol de contrôle radar après avoir effectué au sol le réglage du scope et du radar.

Le 16 mai, tir d'un Matra 530 infrarouge à charge militaire sur CT20. Entré dans le domaine de tir après accrochage de l'engin sur la cible je largue l'engin, je sens qu'il se détache de l'avion, la cible étant à midi je regarde devant… Rien, à droite non plus. Je vois le missile sortir sous mon aile gauche en virage à gauche puis inverser son virage vers moi… Le soleil est loin à droite je ne puis rien faire et lorsque le missile explose, très près de moi, je passe au milieu de la charge à barreaux sans être touché.

Tout va bien, je rentre me poser.
Descendant de l'avion je demande quand on va retirer ! Au sol ils ont eu beaucoup plus peur que moi. On doit étudier un dégagement pour le tireur lors des tirs infra-rouge (IR) afin de le protéger en cas d'explosion intempestive.

Le 17 mai est effectué un tir de missile 530 infra-rouge à mesures plein arrière sur CT20 : tout se passe bien et après quelques jours de repos j'effectuerai encore 2 tirs.
Le 29 mai avec un Matra 530 électromagnétique à mesures sur un CT20 en virage.
Le 30 mai avec un 530 électromagnétique à charge militaire, en face à face. L'avion cible, un Mistral, est abattu.
Nous étions à Hamaguir et les acheteurs australiens présents sur place sont enfin convaincus de la valeur opérationnelle du Matra 530... Ce sera le premier contrat à l'exportation pour la firme Matra. Ma mission terminée je rentre le 31 mai à Mont de Marsan après un passage par Istres.

Nota : Le Mistral, successeur français du Vampire, avait équipé les 5e, 6e, 7e, et 8e Escadre de Chasse et un Escadron de la 20ème.
Le missile Matra 530 a été vendu en particulier à Israël et a grandement participé à la victoire lors de la guerre des 6 jours.
Comme on a pu le vérifier lors de ces tirs, effectués en ambiance environnementale sèche, le radar Cyrano 1bis et le missile Matra 530 ont parfaitement fonctionné.
Quelques années plus tard après une longue période de stockage en des lieux plus humides, les 530 tirés en entraînement, n'ont pas forcément donné les résultats espérés par les pilotes. Pour moi, leur utilisation à Béchar, ou en Israël où les taux d'humidité sont beaucoup plus bas que dans l'Est de la France, le 530 a eu des résultats remarquables.

André Boisnaud