De cette cérémonie où des laideurs agressives côtoyaient de belles émotions, je ne retiendrai que les passages concernant la Marseillaise, la Garde Républicaine, la prestation de Céline Dion et le volet sécurité.
Georges Billa
La Marseillaise mise en scène sur le toit du Grand Palais, interprétée par la très belle Axelle de Saint Cirel, magnifique mezzo-soprano par ailleurs, n'a peut-être pas eu l'impact que l'on pouvait en attendre. L'ensemble manquait-il de force, de chaleur, de conviction ? Malgré une très belle mise en scène, beaucoup n'y ont pas ressenti l'ampleur et la profondeur où renait chaque fois, l'incommensurable émotion dans le cœur du patriote. Par ailleurs, à part Simone Veil, peu d'autres dans cette galerie d'héroïnes, d'un choix discutable, méritaient d'y figurer.
Parmi les oubliées, citons : Sainte Geneviève patronne de Paris depuis 1500 ans, qui sauva la ville de la famine et de l'invasion, Jeanne d'Arc, figure légendaire mondialement connue et reconnue comme telle, Clotilde qui fit baptiser Clovis posant ainsi la première pierre de l'édifice de ce qui deviendra la France, Marie Curie qui sacrifia sa vie dans la recherche sur le cancer (deux prix Nobel !)
Marie Marvin, aviatrice militaire qui s'habilla en Poilu pour participer en 14/18 à la guerre dans les tranchées. Décorée et honorée mondialement comme étant encore aujourd'hui, la plus grande sportive omnisports de tous les temps.
Joséphine Baker, artiste internationale, militaire et résistante. Luttant contre l'esclavage, elle se tient le 28 août 1963, en uniforme d'officier de l'Armée de l'Air française, aux côtés de Martin Luther King lorsqu'il prononce son discours "I have a dream" (J'ai un rêve).
Elle y sera la seule femme à prendre la parole depuis le Lincoln Mémorial. Famille "Arc en ciel" de 12 enfants adoptés, elle décèdera dans la misère le 12 avril 1975 et entrera au Panthéon le 30 novembre 2021. Pourquoi ne figure-t-elle pas dans ce défilé ? Désinvolture, inculture, voire sectarisme ? Une vexation de plus en tous cas pour ceux qui honorent la France et ses héros.
Geneviève de Galard, "l'ange de Diên Biên Phû", 1ère classe d'honneur de la Légion Étrangère, médaillée de la Liberté à la Maison Blanche, reçue par "l'Amérique" dans un protocole réservé aux plus grands, et ovationnée dans une mémorable parade sous des tonnes de confettis descendant des buildings new-yorkais : c'était le 29 juillet 1954. Elle nous a quittés à l'âge de 99 ans le 30 mai 2024. Il y aura donc eu 70 ans au moment même où l'on célèbre la paix en ces jeux de Paris : bel anniversaire manqué car, avec bien d'autres, non inscrit dans l'agenda de la culture officielle.
La Garde Républicaine. Cette prestation m'a rappelé une image pour laquelle j'ai toujours été très mal à l'aise : celle des éléphants domptés où ces géants sont contraints de prendre des postures grotesques, sous les applaudissements de spectateurs inconscients. Ressenti identique concernant notre dernier carré, symbolique gardien de nos institutions, dont les racines puisent aux siècles des premiers rois Francs, ici forcément mal à l'aise dans cet affligeant spectacle infligé à nos institutions.
Bouleversant. Plus je revois cette scène, plus profonde est la colère qui gronde en moi car notre Garde Républicaine, comme "la Marseillaise" notre hymne national et notre drapeau aux trois couleurs, sont des symboles.
Leur caractère sacré ne peut être entaché sans que les valeurs qu'ils représentent en soient rabaissées.
Le propre de l'homme, c'est aussi de pouvoir se définir, mais comme l'a souligné Charlotte d'Ornélas, « on peut se définir par autre chose que d'attaquer en permanence ce que les autres ont de sacré . »
Céline Dion ressuscite Piaf. Médaille d'or, hors concours, parmi toutes les prestations de cette soirée, notre Québécoise nationale, amoureuse de la France et de Paris en particulier, nous a offert un spectacle qui, par sa rareté, fera date tout au long de la vie de ceux qui l'auront vu.
Pendant ces 4 ans d'absence sur scène, elle n'a cessé de combattre dans d'atroces souffrances, le "syndrome de l'homme raide", (maladie incurable auto-immune, trouble neurodégénératif), afin de récupérer sa voix, plus belle voix du monde, qui, au temps de sa splendeur collait le frisson à tout un stade lorsqu'elle atteignait son fameux Fa4 sur la chanson All By Myself (Tout seul).
« Dieu réunit ceux qui s'aiment. », Avec son public en larmes, c'est l'envolée sommitale, volcan d'émotion qui atteint l'exceptionnelle plénitude de la voix d'Edith Piaf, "inaccessible étoile", ici sublimée.
Pris au sens religieux ou plus large, cette phrase, dans son prodigieux raccourci, exprime la quintessence de la pensée humaniste française : l'amour et l'universalité de l'humanité, abstractions faite de couleur de peau et de religion, essence même de l'esprit des Jeux Olympiques, exhaustif de ce que nous aurions seulement dû célébrer, à l'exclusion de toute "vilaineté".
L'hymne à l'amour : son histoire. « Édith Piaf en avait couché les paroles après la disparition brutale de son amoureux, Marcel Cerdan, lors du crash d'un vol Air France à bord duquel le champion de boxe devait rejoindre la chanteuse à New-York, le 28 octobre 1949.
Marguerite Monno, fidèle compositrice d'Édith Piaf, lui avait offert cette musique qui ramena la chanteuse à la vie.
Céline Dion, première artiste depuis Piaf à avoir jamais interprété une chanson en français sur une chaîne américaine, l'avait déjà reprise le 22 novembre 2015, lors de la cérémonie des American Music Awards, à Los Angeles, comme un vibrant hommage aux victimes du Bataclan à Paris. Pour les JO, prestation unique, on retiendra que, contrairement à d'autres, Céline Dion n'aurait pour rien au monde eu recours au playback pour ce moment partagé avec son public. *(Ludovic Pérrin, le JDD du 28/7/2024. Extraits.)
Sécurité : 45 000 personnels civils et militaires assurèrent la sécurité des sites. Chiffre rendu nécessaire par trop longtemps de permissivités et d'impunités, souvent insuffisamment sanctionnées pour être dissuasives.
Toutes forces de l'ordre confondues, vous avez sécurisé ces Jeux de façon remarquable, démontrant ainsi à ceux qui nous attaquent, que la France est encore debout et qu'il faudra toujours compter sur vous et sur tous ceux qui, en cas de nécessité, viendraient vous appuyer dans cette noble cause.
Les citoyens n'ont jamais douté de votre loyauté, de votre civisme et de votre humanité. Honneur soit fait à vos morts et blessés dans l'accomplissement