Avant que Jeannot nous quitte, il avait rédigé l'édito que nous éditons ci-après dans son intégralité.
Oyez, oyez, gentes demoiselles et gentils damoiseaux, sonnez musettes, résonnez trompettes et olifants : les JO de Paris 2024 s'ouvrent. Un immense nuage bleu, blanc, rouge de 170 mètres de long monte du pont d'Austerlitz dans le ciel de Paris !
C'est magnifique. La foule exulte. Bravos et vivats couvrent l'accompagnement musical. L'ascension de nos trois couleurs dévoile un patrimoine unique au monde, hérité de la grande Histoire de France. Celle à travers laquelle ses enfants se sont battus pour que rayonne l'universalité de l'Homme, thème cher à Joséphine Baker, Alain Mimoun et tant d'autres, âme des Jeux Olympiques ressuscitée en 1894 par un français, Pierre de Coubertin.
Conciergerie, Académie Française, Louvre, Notre Dame, Bibliothèque Nationale, Grand Palais, Invalides, Montparnasse, Trocadéro, Tour Eiffel… Quelle nation au monde ne saurait être fière de posséder ce patrimoine, fruit d'un passé aussi glorieux que le nôtre ?
Tout au long de ces Jeux, les visages mêmes, portent souvent nos trois couleurs. Ovations et émotions transcendent notre peuple, qui fait corps pour faire flotter haut notre drapeau. De la cérémonie d'ouverture aux jeux, on n'aura jamais entendu autant de "Marseillaise" vu autant nos trois couleurs déployées sur les quais de Seine, par les joueurs sur les bateaux et par le public. Chacun a fait son plein d'émotion, de joie, d'enthousiasme, de ferveur autour de cette flamboyante jeunesse et de notre drapeau.
Dans cette parenthèse enchantée, ici, plus encore que dans d'autres manifestations sportives, nos couleurs sont affirmées, revendiquées. Mais cette ferveur relève-t-elle d'un esprit de patriotisme pris au plein sens du terme ? : Amour de la Patrie, désir et volonté de se dévouer, de se sacrifier pour la défendre, ou bien se limite-t-elle à la sphère sportive, chauvine, bon enfant, où il est de bon ton d'agiter le drapeau national au son de « Allez les Bleus ! » ?
Pendant les nombreuses dernières décennies, le drapeau et les valeurs qu'il représente, ont toujours été reconnues… chez les autres. Chez nous, le brandir en dehors du sport, des attentats et des manifestations officielles est encore suspecté de révéler la trace sous-jacente d'un nationalisme "nauséabond" (sic) : très peu s'y risquent. Malgré la pauvreté des commentaires dans ce sens, ces Jeux auront certes réveillé l'esprit de patriotisme.
Mais l'impact auprès du grand public aura-t-il été assez prégnant pour espérer un retour en France de la fierté d'être français quelles qu'en soient les circonstances pour le manifester ? Tant que l'élite médiatique refusera d'entendre notre roman national, la route semée d'embûches, sera encore longue.
« J'ai donné mon sang pour la France et j'ai arraché quatre médailles pour elle... J'ai fait dix fois le tour du monde, pour moi rien ne vaut la France. Quand le drapeau tricolore a été hissé à Melbourne, j'ai pleuré sans larmes tellement j'étais déshydraté, ça m'a fait mal. Pour moi la France, c'est la plus belle fille du monde avec en plus quelque chose de sacré, comme une atmosphère de sainteté ». Alain Mimoun, champion olympique du marathon à Melbourne en 1956.
Les Jeux. Le ciel pleurant sur Paris comme pour se laver de frasques voulues provocatrices, lors de la cérémonie d'ouverture, fit rapidement place à des larmes de joie dans l'unité et la ferveur nationales répondant au panache avec lequel nos athlètes nous rassemblèrent dans les "Marseillaise", hissant nos couleurs au plus haut des pavois.
À ces spectaculaires performances, fruits de milliers d'heures d'entraînement, de lutte contre le renoncement, suit l'émotion. Elle fait irruption partout. Dans nos équipes, on pleure, on se touche, ce n'est pas un rêve, on s'embrasse..., on l'a fait ! L'équipe est là, soudée pour exalter l'instant de gloire, mais aussi pour consoler, consolider, encourager encore et encore…
Comment vous remercier, jeunesse souvent critiquée par ceux-là mêmes qui n'ont rien consacré tout au long de leur vie à la transmission de valeurs essentielles. Cette jeunesse qui aujourd'hui montre la voie, creuse un sillon exemplaire dans l'effort, le courage, la persévérance et l'abnégation mis au service de l'équipe, de la Nation.
Oui, vous l'avez fait. Vous avez hissé notre Pays en tête des pays européens, dans le peloton des cinq plus grandes nations du monde. Chapeau !
Contre ceux qui nous rabaissent jour après jour, puisse votre exemple faire prendre conscience que nous demeurons une grande nation capable de rivaliser dans bien d'autres domaines. Souhaitons en la bonne augure.
Notre prochain journal consacrera la place qui convient au paralympisme et à tous ses incroyables athlètes, car nous sommes tout petits face à ces géants du "Faire Face".
Merci à tous ceux qui consacrent de leur temps pour faire vivre notre belle Amicale et merci à tous nos membres fidèles aux valeurs que nous défendons.
Jean Boulade